Béatrice Renard vous parle de sa résidence ...

La Maison de la Laïcité de Tournai a accueilli Béatrice du 6 au 10 février 2023.

Voici son témoignage :

” La semaine de “résidence” que je viens de passer était vraiment passionnante, à plus d’un titre.

Le texte du « seul en scène » se décline en trois parties, c’est-à-dire trois personnages qui vivent le « noir quart d’heure » de façon différente. Nous avons dédié un jour à chaque personnage, un quatrième jour était réservé aux transitions entre les scènes et le cinquième à un filage complet.

Quand je dis « nous », c’est Kévin à la mise en scène, Caro et Charles à la régie et moi-même à l’interprétation des textes que j’ai écrits. Tous des bénévoles. Leurs avis ainsi que ceux des spectateurs Nana, Françoise et Martine, Nancy, Olivier, venus expressément consacrer quelques heures de leur temps à mon « seul en scène », m’ont été précieux. D’autres auparavant, Jean-Jacques, Christophe, Fabien, Ryan,…ont contribué à son avancement. La construction de nos spectacles s’opère ensemble.

Travailler une semaine entière aide à se plonger complètement dans la scène mais aussi d’incarner pleinement le personnage. Lundi, j’étais une vieille qui souffre de solitude, mardi, une petite fille qui ne veut pas voir, et mercredi, une adulte en souffrance. J’ai vécu ces personnages non seulement pendant la scène, mais durant toute la journée et la soirée.

Collaborer avec un metteur en scène comme Kévin est un régal ! il ne se prive pas d’essayer, rechercher, tester pour trouver avec précision le meilleur, qu’il s’agisse de formulation, position, enchainement, lumière, mise en évidence, façon de se mouvoir, le meilleur en adéquation avec mon propos, avec ce qui me convient, avec ce que je suis, pour transmettre au mieux. Ce n’est jamais du « tout cuit ». Et c’est toujours avec le sourire….Il me permet d’exister à travers mes textes et fait exister ce que j’ai à dire.

Mais aussi, les avis des uns et des autres se confrontent et permettent la discussion. A moi revient une prise de position finale ou peut-être pas, car un spectacle, tout comme la vie, est toujours en devenir. Reculer et avancer.

Le travail en « résidence » permet d’avoir une vue d’ensemble, de voir les liens entre les différentes scènes, et de pouvoir peaufiner ensuite dans l’une et l’autre séquence, les phrases et les mots utiles ou inutiles.

Le soir, je recopiais les textes dans des tableaux, en notant les remarques de Kévin, en modifiant en fonction des remarques de l’un et l’autre, en localisant et numérotant les interventions de musiques, de bruitages pour les régisseurs. Le tableau est une aide précieuse pour clarifier mais aussi pour mémoriser.

Le travail journalier de mémorisation, pas seulement du texte mais des déplacements, et le fait de remâcher les phrases et les gestes, est essentiel pour les repréciser.

Tout cela sans être dérangée par les tâches ménagères et le téléphone…

Et, ma crainte : « si j’ai un trou de mémoire ? » …pour Kévin, ce n’est pas grave, pourquoi le cacher ? ça fait partie de la vie ! Oui, tout ça, à son aise, sans mettre de pression.

Cool…c’est bien agréable d’apprendre et de progresser encore et toujours, même à 67 ans ! “